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Henry Fourès, Elisabeth Gutjahr

Petit trafic scénographié pour huit haut-parleurs, sept musiciens, deux comédiens enregistrés et un jongleur.

Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.
Wittgenstein

prsite_correspondancesDe leurs échanges multiples, le compositeur français Henry Fourès et la dramaturge allemande Elisabeth Gutjahr tirent un récit acoustique.

Un jeu de l’écoute où la langue de l’un se confronte à celle de l’autre et joue en catalyseur, une scénographie que vient enrichir l’art du jonglage.

L’idée d’une installation qui intègre, au processus de composition, l’écriture radiophonique autour de la notion de « correspondance » se comprend comme une aventure acoustique qui trouve sa profondeur dans l’innocence d’un jeu où le sens se noue, se dénoue, s’égare, se perd dans le dessin d’un paysage comme un palimpseste sonore.

La parole est distendue, brisée, reflétée, élargie, concentrée dans l’espace singulier d’un moment comme aperçu d’une possibilité entre deux écrits.
Dans cette correspondance, les rôles sont multiples. Qui parle, écoute, lit, écrit ? L’auditeur entend-il l’auteur ou le lecteur ? Que veut dire « comprendre », « correspondre » ?

Le jonglage « n’interprète » pas, ne « commente » pas, il n’est pas « calqué sur » : il intervient par séquences, comme autant de métaphores poétiques, opérant par décalage entre ce que l’oreille perçoit (le son spatialisé), et ce que l’œil voit (la « performance »).

Par l’utilisation d’objets du quotidien et la rythmique de leur mise en mouvement, le jonglage est traité selon une partition chorégraphique minutieuse, entrant dans l’image acoustique de la diffusion.

Il opère par plans, privilégiant dans le déroulement de l’œuvre tel ou tel élément « musical » dont la traduction gestuelle participe à la mise en scène du son.
Ainsi, art muet, le jonglage établit son propre réseau de « correspondances ».

 

« Cette correspondance commence dans l’ailleurs d’un voyage où l’on se souhaite bonne route, comme pour s’assurer du chemin de l’autre dans la permanence de son changement : on peut reconnaître, ici et là, les lieux, les cultures, les langues, et les relier.

Entre ce qui est dit et ce qui demeure inexprimé se développe un chemin subtil sur une carte commune.
Par l’exercice de la lecture, de l’écriture, de la pensée, on ne sait souvent qui lit, écrit ou pense : français et allemand se mixent dans la maîtrise ou le balbutiement de leur contrepoint.
L’objet du dialogue s’est transformé en chant abstrait, entre parole, musique et rumeur du monde, où s’établissent, dans le nomadisme des deux vies, des éléments surprenants de « correspondance ».
Les images sonores composent une réalité multiple d’où s’extrait le quotidien. Ici, le doux tumulte du langage poétique trouve sans règle le chemin de son expression ; musique, rumeur, parole, en contrepoint libre.
La correspondance joue avec le souffle de la société « moderne » et les petites fuites de la réalité comme autant d’états d’une matière sans cesse mobile et furtive. La dramaturgie se construit au fil de ce jeu dont Berlin, Paris, d’autres villes, d’autres espaces, urbains, naturels, sont des lieux traversés ou de résidence. Le train, l’avion, les rencontres, le mail, le téléphone, sont les éléments d’un quotidien, présents comme topiques d’un monde partagé.
Mais au-delà, surgissent aussi de petites « sculptures acoustiques », qui pour quelques secondes livrent l’histoire d’une forme vivante évoquée : cent pas sur la crête d’une réalité commune.
Les protagonistes abandonnent dans ce jeu le chant de leur langue : écrire et lire dans la langue de l’autre se traduit aussi comme une immigration physique dans le pays de l’autre. » H. Fourès

Henry Fourès _composition et texte
Elisabeth Gutjahr _texte et dramaturgie

 

Jérôme Thomas _jonglage

 

Crista Mittelsteiner & Frederic Leidgens _voix
Benat Achiary, Jean-Pierre Caens, Pierre Charial, Claude Crousier, Françoise Jubler, Patrick Moutal et Carlo Rizzo _musique

 

Production : La Muse en Circuit, Centre national de création musicale. Avec le soutien de Impuls neue Musik, Fonds franco-allemand pour la musique contemporaine.

 

Contact production / diffusion :
Camille Bulan
La Muse en Circuit, Centre national de création musicale
01 43 78 80 80
camille.bulan@alamuse.com

2013

– 23 et 24 septembre : Festival Musica, Strasbourg

2014

-15 et 16 mai : Festival de Donaueschingen, Allemagne