‘DIE ERDFABRIK’

de Georges Aperghis avec des textes de Jean-Christophe Bailly

Théâtre musical avec film d’animation en allemand sous-titré français

Die Erdfabrik (« La Fabrique de la terre ») est une pièce croisant la musique et l’installation vidéo, où le motif sonore de l’eau et du travail dans la mine côtoie celui des jeux d’enfants dans le noir.

Lorsque le festival de la Ruhrtriennale sollicite Georges Aperghis pour écrire une nouvelle œuvre mettant en valeur son patrimoine industriel, il se passionne pour l’histoire de son bassin minier dont l’activité a creusé et créé tout un monde caché fait d’obscurité, tirant pourtant sa source de l’énergie première, la lumière. Le charbon, matériau brut constitué sur plusieurs millions d’années, porte en lui la mémoire de la Terre, et sa combustion jusqu’à épuisement en interroge en filigrane son devenir.

Le compositeur Georges Aperghis et l’écrivain Jean-Christophe Bailly partent à la recherche de cette mémoire, dans un voyage musical dont la plus sûre compagne est cette obscurité plus noire que la nuit : elle suscite peurs et insomnie, mais sur son chemin, on se laisse surprendre par ses mystères et des jeux anciens.

En interagissant avec des dessins animés éphémères et changeants, cinq musiciens – aux instruments parfois insolites – évoquent la scène avec des sons, des mots et des corps : ensemble, ils creusent l’obscurité, tâtonnent dans les cavités, rencontrent les peurs imaginaires enfantines.

La mine devient un lieu poétique dont Aperghis et Bailly mettent à jour la richesse des associations. Plus on s’enfonce dans les profondeurs, plus on s’élève vers le ciel. À 300 millions d’années de profondeur, on tombe sur du charbon. Jean-Christophe Bailly, qui recourt à la poésie d’Annette von Droste-Hülshoff et à ses propres écrits, l’appelle ‘l’enfant de la lumière’. Car cette matière fossile des temps primitifs était autrefois une végétation vivante nourrie par le soleil. Le voyage opère un renversement : du charbon, remonter le temps et extraire la lumière originelle.

La combinaison des contraires et leurs interactions – obscurité et lumière, gravité et légèreté, courage et peur, étendues et détails –, sont les moteurs du théâtre musical d’Aperghis. Une forme poétique et abstraite de théâtre musical dont les personnages rayonnent pour permettre à nos imaginaires d’en dessiner l’histoire.