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Il faut remplacer la variété restreinte des timbres des instruments que possède l’orchestre par 
la variété infinie des timbres des bruits, obtenus au moyen de mécanismes spéciaux.
Luigi Russolo, L’Art des bruits, manifeste futuriste

L’idée de ce ciné-concert est née d’une réflexion avec le musicologue Philippe Langlois, autour de son ouvrage Les cloches d’Atlantis. Musique électroacoustique et cinéma/Archéologie et histoire d’un art sonore, quant à la manière d’aborder aujourd’hui la composition musicale pour un film muet. Le choix du film s’est fait parmi les films qui induisent, dans leur conception, dans les thèmes qu’ils abordent, une dimension proprement musicale, sinon bruitiste, dans la lignée du futurisme de Russolo, et qui, de fait, interrogent les nouveaux moyens de création sonore et musicale.
« Le siècle des aéroplanes a droit à sa musique », proclamait Claude Debussy, et c’est précisément tout l’enjeu de Berlin, symphonie d’une grande ville. Pierre Henry, qui a donné en 1988 sa propre vision musicale du film, l’avait bien compris : « La ville est préhistoire, pollution, apocalypse. Elle est pleine de temples, d’odeurs et de parfums. Elle m’a été inspirée par Walter Ruttmann », dit-il.

Simon Fisher Turner, compositeur, producteur et acteur anglais, connaît bien Berlin, pour y avoir vécu et réalisé de nombreux field recordings (en tant qu’acteur, il y a également tourné The Invisible Frame aux côtés de Tilda Swinton). Sa production musicale, depuis toujours syncrétique, opère la fusion des musiques jazz, pop, électroacoustique et contemporaine, et inclut de nombreuses musiques de films, dont celles de quatre Derek Jarman, parmi lesquels le cultissime Caravaggio (1986). Grâce à cette commande que lui ont adressée le Festival Musiques démesurées et La Muse en Circuit, il revient à la source de son inspiration en tant que compositeur – le cinéma – et se penche sur la manière dont la dimension musicale du bruit a évolué, de Russolo à aujourd’hui, avec un dispositif qui croise les moyens de diffusion sonore de l’époque avec les outils de création d’aujourd’hui : field recordings diffusés sur des gramophones à pavillon puis traités en direct par ordinateur.