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Luc Ferrari – Pablo Cueco, Paul Dubuisson

La première publication discographique de La Muse en Circuit !

Cellule75_webAutobiographie n°13

“J’ai mis beaucoup d’années à constater que ce qui m’intéresse le plus c’est de frotter.

Qu’aussi finalement la musique pouvait se décrire comme une grande zone de frottement. La musique ou le phénomène  sonore ? (peut-être faut-il que je m’explique, sinon pourquoi les autobiographies ?)

Frottement dans ce que ça a de  plus abstrait : l’air, l’acoustique, le temps ; et dans ce que ça a de plus concret : le son, sa valeur, sa composition, le rythme.

D’une part les idées, d’autre part les sexes, et puis un lieu de connivence. Alors je frotte.

Drôle de constater que ces deux morceaux (il s’agit du disque) distant de dix ans relatent un parcours de frottement : l’un fait un bloc de temps, l’autre casse le temps en petits éclats.

Mais je peux essayer d’énumérer ce qui frotte. Par exemple entre le sérieux et la dérision, entre les émotions dues à la vitalité et à la déprime, entre le spontané et le réfléchi.

Dans l’idée de frottement, j’ai retrouvé aussi la vieille notion de tention-détente, de dissonance-consonnance, mais aussi une formulation plus actuelle entre acoustique et électrique, entre phase-contrephase, entre harmoniques accordées et désaccordées, entre associé-dissocié, thème et non-thème etc. Tout ça, ça frotte.

Il y a bien d’autres frottements aussi, comme celui qui est mis en branle par Jacques Brissot qui colle une époque sur l’autre, qui reconstitue un Titien avec des clichés de notre actualité, faisant un drôle de télescopage philosophique.

C’est bien sûr une chose qui m’intéresse comme les mondes se frottent et les époques qui s’emmêlent, comme nous ne sommes jamais dans un temps très défini, comme nous vivons plusieurs histoires superposées, et qu’ainsi on peut mélanger les styles, les signes, raconter plein de choses diverses.

Alors ces frottements, ça donne le choc des idées quelques fois violentes, ça donne souvent des guerres malheureusement, parce que nous sommes trop stupides, trop barbares pour vivre les frottements en adultes de la civilisation ; parce que nous sommes trop mercantiles pour vivre notre sensibilité sereinement.
En fait, frotter, c’est ce qu’il y a de plus difficile.
C’est pourquoi je frotte…” Luc Ferrari

Cellule 75

Force du rythme ou cadence forcée
pour piano, percussions et bande magnétique

Collection de petites pièces

ou vingt-trois enfilades pour piano et magnétophone

1. Thème et variation I
2. Paysage
3. Ritournelle interrompue
4. Histoire d’A
5. Danse I

6. C’est la valse
7. Zarathoustra
8. Dodécasonic
9. Danse II
10. La voix est une énigme

11. Hommage à Schumann I

12. Thème et variation II
13. Polyphonie rythme
14. Guimauve

15. Hommage à Schumann II
16. Ça glisse, ça glisse
17. Polyphonie arpège

 

18. Campanella de Liszt
19. Thème et variation III
20. Mélodie rythme
21. Les Brahms ou la vie
22. Téléphone

 

23. Final furieux et triste

La Muse en Circuit production et réalisation
Vincent Bruley, studio Piccolo prise de son et mixage

Illustration : tableau de Jacques Brissot (1986)

LUC FERRARI / MICHEL MAURER : 36 Enfilades (interview w/ performance) from ParisLike on Vimeo.